On admet facilement aujourd'hui que les plantes et les minéraux ont une âme, un esprit. Je pense que les objets aussi, soit qu'ils ont été construits et manipulés par des hommes, soit qu'ils ont parcouru un chemin en leur compagnie, partageant leurs émotions, leurs joies, leurs souffrances et victoires … La première fois que j'ai aperçu le Toueur dans le port de l'épervière, à Valence, sous la lumière du soleil couchant de Décembre, j'ai été saisie par un sentiment étrange: il émane de ce rafiot à l'abandon depuis plus de 30 ans et à moitié immergé dans le Rhône un sentiment de tristesse mêlé d'espoir, et un appel aussi. Je suis allée à sa rencontre, par le fleuve et par la terre, dans un état d'excitation fébrile : comment rendre hommage à cette carcasse rouillée et agonisante et malgré tout encore vivante, témoignage d'un temps révolu ? Je me suis laissée guidée par la géométrie des lieux, les lignes et les courbes, les contrastes de la rouille et de l'acier, la lumière et le clair obscur qui règne dans les salles des machines …. et j'ai eu la sensation de toucher le coeur endormi de cette vieille machine oubliée des hommes …
Virginie
http://lerhoneautrefois.free.fr/dauphin%E9%20toueur.htm